MISE À JOUR
21 février 2015 : Une importante subvention vient d’être versée dans le cadre de la phase 2 du projet.

 Patrimoine religieux

À Montréal, l’église Sainte-Brigide-de-Kildare a fait l’objet d’une conversion exemplaire et d’une conservation du patrimoine audacieuse. Quels sont les éléments clés menant à la pérennisation d’un monument converti?

À l’origine du projet

2003-06-259-01-01

Photo : Conseil du patrimoine religieux du Québec

La paroisse Sainte-Brigide-de-Kildare est située dans le centre-ville est de Montréal. Il s’agit de l’un des quartiers les plus défavorisés de la Ville. En 2005, la fabrique invite le milieu universitaire à réfléchir sur l’avenir du bâtiment. L’année suivante, l’une des avenues suggérées préconise que la dimension sociale de la paroisse perdure. Le site et l’église seraient ainsi toujours au service des paroissiens.

Des acteurs et partenaires potentiels sont alors réunis et un organisme à but non lucratif, le Centre communautaire Sainte-Brigide (CCSB), est créé pour diriger et administrer le projet.

Le site

Le monument, construit en 1878, introduit le style néo-roman à Montréal. Il se détache ainsi des églises baroques montréalaises typiques à cette époque. Le clocher est une réplique de celui de l’église Saint-Ambroise de Paris. Enfin, l’école de quartier et le presbytère à proximité forment un ensemble institutionnel remarquable. Toutefois, la nef monumentale présente peu d’intérêt dû à d’anciens travaux de restauration. Il est donc possible de moduler l’importance patrimoniale des lieux.

Transferts de propriété

Au Québec, les églises sont des biens privés qui appartiennent à la paroisse ou à des congrégations religieuses. Les propriétaires sont donc libres d’en disposer. Le CCSB fait une offre d’achat à la fabrique équivalant à moins de 18% de la valeur marchande des lieux. Après de longues négociations, notamment sur la conservation patrimoniale du site, vendeur et acheteur en viennent à une entente qui est approuvée par le Diocèse de Montréal.

L’un des objectifs du CCSB est d’assurer la permanence de groupes œuvrant auprès des itinérants. Pour se faire, il veut leur permettre de devenir propriétaires de leurs locaux. Le CCSB a donc procédé au lotissement cadastral du site et modulé les lots selon les besoins des partenaires.

Une protection à perpétuité

Lors des négociations pour l’achat des lieux, deux clauses de servitude ont constitué des tournants. La première oblige les administrateurs à conserver toutes les composantes du site à l’usage exclusif d’organismes sans but lucratif dédiés à des projets communautaires ou à des coopératives de logement. Cette clause protège concrètement l’esprit de l’œuvre de dévouement de la paroisse à l’égard de ses concitoyens.

La deuxième clause oblige le CCSB à conserver et à mettre en valeur les éléments structurants du front de l’institution : façade, clocher, baptistère et monument au Sacré-Cœur. Tous les propriétaires deviennent ainsi des protecteurs à perpétuité.

Ces composantes ont été constituées en un lot cadastral spécifique. Il est enregistré comme une entité autonome et comprend les surfaces et les fragments qui n’ont aucune possibilité d’usage économique. Il forme ainsi un monument historique. Il appartient au CCSB et il est géré par son comité du patrimoine sur lequel siège un représentant de chaque groupe propriétaire du site.

Des garanties de succès

La requalification de l’église Sainte-Brigide-de-Kildare met au jour des éléments essentiels au succès de l’entreprise :

–  il y a au départ une volonté des propriétaires de prendre le temps nécessaire pour réfléchir et bien faire les choses notamment en faisant appel à de l’expertise extérieure;

–  le projet proposé s’est élaboré dans le respect de la mission sociale de la paroisse et des besoins de la communauté;

–  il faut beaucoup de patience et de persévérance pour mener à terme ce genre de projet. Dix années se seront écoulées entre la rencontre initiale et la fin des travaux prévue en 2015; et

–  il faut une vision claire du projet et prendre les décisions en fonction de cette vision.

Ce sont les ingrédients qui ont permis à l’équipe de sortir des sentiers battus de la conversion d’églises tout en assurant à la fois la conservation de ses parties patrimoniales matérielles et  de la dimension intangible de sa mission sociale séculaire.

2 Responses to L’église Sainte-Brigide-de-Kildare :

une conservation patrimoniale innovante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*