MISE À JOUR

4 aout 2015 : Retour à la case départ pour le centre culturel. Au moment où ce billet fut rédigé, les actuels élus municipaux ont bâti leur campagne sur la sauvegarde des lieux.  Malheureusement, la réalité du terrain rattrape les élus. Même si le MCC classait le bâtiment, la situation resterait la même puisqu’il s’agit d’un patrimoine trop onéreux pour la capacité de payer des résidents.

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Patrimoine moderne

À Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, le centre culturel est au cœur d’un litige. Les élus ont décidé de reconvertir le lieu par un projet récréotouristique. Cependant, des groupes veulent conserver l’édifice pour sa valeur patrimoniale. Est-il trop tard?

Les lieux

Partie prenante du complexe de l’Estérel, sa valeur patrimoniale est probante. Le bâtiment se trouve au berceau de l’architecture moderne au Québec. À l’époque, il est doté d’une salle de bal, d’un cinéma et d’un manège pour les chevaux. Son utilisation contemporaine a permis de préserver l’aménagement intérieur et son enveloppe. Le projet de rénovation et les changements de structure envisagés mènent à une perte patrimoniale irréversible.

La valeur patrimoniale des lieux n’est pas reconnue par tous

CommunitycenterLa municipalité perçoit la valeur patrimoniale du bâtiment depuis fort longtemps. En 1985, elle fait, sans succès, une première demande de classement auprès du ministère Culture et Communications (MCC). Puis, une seconde requête en 1993. Elle a, par la suite, maintenu des liens avec le MCC en vue d’obtenir des fonds. En 2007, les groupes Docomomo et Action patrimoine de même que la société d’histoire de Sainte-Marguerite ont conjointement déposé une demande de protection. Celle-ci, refusée au départ, est réactivée depuis peu à la suite de pressions.

Le public de proximité, le premier concerné à cause de son obligation d’entretenir le monument, s’est rallié au projet des élus lors d’une rencontre publique tenue le 19 décembre dernier et réunissant près de 10 % de la population.

Un patrimoine non réclamé s’effondre peu à peu

De nombreux cas au Québec montrent qu’en l’absence de moyens financiers, le patrimoine reconnu se détériore inévitablement, et ce, malgré une protection légale. Plus encore, si la population locale n’est pas interpellée, elle refuse de participer à son entretien et elle reste passive devant sa perte. Un héritage non revendiqué par une partie importante de la localité est voué à disparaitre.

Une fatalité annoncée depuis longtemps

Le sort du centre culturel a été scellé en 1993 lorsque le MCC a refusé, une deuxième fois de protéger le bâtiment. La demande de subvention qui accompagnait la requête confirmait la détérioration des lieux. La plus haute instance a fait le choix de laisser aller les choses.

À cette époque au Ministère, la sensibilité patrimoniale l’était surtout pour les monuments de la Nouvelle-France au XIXe siècle. C’est un fait, les perceptions changent comme l’illustre l’avènement récent du patrimoine immatériel. Prudent, à cause des enjeux financiers et légaux, le MCC n’est pas à l’avant-garde des conceptions du patrimoine. Cet état met au jour des pertes malheureuses lorsqu’un genre d’héritage entre enfin dans l’air du temps.

Un choix somme toute facile pour les résidents

À sa belle époque, l’endroit réunissait le jet-set américain et canadien-français. Il fut ensuite réquisitionné pour la guerre, puis abandonné. Le centre culturel est créé dans les années 1970 et le bâtiment a aussi logé la mairie. Il est à l’abandon depuis 2010.  La population locale s’est donc toujours retrouvée dans la position d’observateur et non d’acteur.

Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson possède un couvent dont elle reconnait la valeur patrimoniale. Celui-ci, au cœur des lieux, fait partie du quotidien des gens. Ils ont salué les religieuses l’habitant, leurs enfants y furent éduqués. Le bâtiment et ses propriétaires ont participé au développement de la municipalité. Des liens affectifs ont été créés entre la localité et leur couvent.

La dimension moins visible du litige est le choix des élus de préserver le couvent en y installant l’Hôtel de Ville. Ainsi, lors de la rencontre publique, la population a, dans les faits, décidé de conserver son édifice religieux… un monument qui lui parle, dans lequel elle retrouve des affinités et qu’elle souhaite protéger.

 

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