Patrimoine archéologique maritime
Les épaves et vestiges marins, gisant sur le lit du fleuve Saint-Laurent, font partie du patrimoine archéologique subaquatique de la province. Depuis la découverte de l’épave de L’Empress of Ireland en 1964, la valeur de cet héritage s’est peu à peu constituée dans nos esprits. Regard sur ces artéfacts fascinants, mais difficiles à observer.
La recherche
En 2011, une recherche dans des bases de données archivistiques permet de répertorier 1 088 noms de bateaux disparus. Ce résultat, déjà remarquable, ne reflète qu’une partie de la situation. Par exemple, l’île d’Anticosti et l’archipel des Îles-de-la-Madeleine auraient été le théâtre de plus de 4 000 naufrages.
L’ampleur des repérages récents s’explique du fait que les chercheurs bénéficient de nouveaux outils technologiques. Ainsi, dans la région de Québec, une relecture cartographique haute définition révèle que le fond marin, pratiquement méconnu entre Cap-Rouge et Beaumont, abrite une quinzaine d’épaves non répertoriées. De plus, 18 autres emplacements, dont seulement deux connus, suggèrent l’existence de vestiges de taille variant de 8,5 m à 40 m.
Historique de la patrimonialisation
Après l’Empress of Ireland, il faut attendre à la fin des années 1990 lorsque sont trouvés des restes de l’Elizabeth and Mary près de Baie-Trinité, sur la Basse-Côte-Nord. Ce navire, associé à la bataille de Québec, appartient à la flotte de l’amiral britannique William Phips que Frontenac repousse en 1690 avec la bouche de ses canons.
La classification des épaves se fait par association à un type de navigation et à une période de développement de la navigation. Ainsi, on retrouve des dragues, des bateaux de pêche, des goélettes, des remorqueurs et d’autres. Des épaves importantes connues n’ont pas encore été localisées notamment le Simcoe, perdu en 1917 au large des îles de la Madeleine et le cargo des lacs Benmaple, coulé en 1936 au large du Bic.
Une première épave, l’Empress of Ireland est classée en 1999. Quelques musées conservent des objets qui soulignent son naufrage et qui témoignent de la vie sur le bateau. Lorsqu’un bien tel que l’Empress est protégé par la loi québécoise, il est interdit d’en retirer les vestiges sans la permission du ministère Culture et Communications. La philosophie du MCC est de conserver dans l’eau les artéfacts archéologiques afin que les générations futures puissent en profiter comme le font les plongeurs aujourd’hui.
Au Québec, la mise en valeur des épaves est récente. Plus d’une centaine de vestiges sont répertoriés, mais sans être étudiés ni même explorés. Leur patrimonialisation concerne autant la navigation hauturière (en haute mer) que la navigation intérieure.
Un patrimoine menacé
Ces vestiges patrimoniaux sont menacés entre autres par des plongeurs récréatifs qui ont une vision aventurière de l’archéologie et qui pensent trouver des objets de valeur lors de leurs explorations. La Loi sur la marine marchande a instauré des règles de civilité à respecter. Ainsi, toute trouvaille doit être signalée à Transports Canada. Les propriétaires d’origine ont un an pour les réclamer. Après ce délai, les découvreurs peuvent en prendre possession. Aujourd’hui, la plupart des plongeurs respectent la loi.
L’eau salée et la vase fournissent de bonnes conditions de conservation lorsque les vestiges sont enfouis. Toutefois, dans le fleuve Saint-Laurent, l’effet des grandes marées et la transformation continuelle du fond marin représentent aussi une menace, car l’action de l’eau peut détruire les artéfacts.
Un renouvellement constant
Le cas des épaves illustre l’adage voulant que tout objet puisse devenir patrimonial, qu’il s’agisse d’un phénomène construit. Ainsi, des événements historiques tels qu’une bataille navale ou le naufrage meurtrier de l’Empress marquent certes l’imaginaire des Québécois. Cependant, la découverte d’artéfacts associés à ces événements les requalifie dans la sphère patrimoniale.
Ça vous tente d’explorer?
Le site internet Le cimetière du Saint-Laurent offre une carte virtuelle du fleuve Saint-Laurent sur sa profondeur jusqu’au lit marin. L’auteur y marque l’emplacement de différentes épaves gisant entre Saint-Flavien et Matane. Comme tout bon plongeur, vous devez explorer le fond pour y repérer les épaves qui sont présentées à l’aide d’images et de document d’archives… De beaux moments pour les jours de pluie.
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