Patrimoine artistique

Depuis aout 2012, le Musée national des beaux-arts du Québec présente une exposition sur les arts de la Nouvelle-France. Jusqu’en septembre 2013.

271042_10151217126547674_165399091_nL’exposition

C’est 160 objets – peinture, sculpture, orfèvrerie, mobilier, textiles et autres, qui sont exposés au profit du visiteur. Selon les commissaires, l’art du Régime français occupait trois fonctions : représenter, décorer et prier. Les œuvres sont réparties, selon une scénographie classique, dans l’un ou l’autre de ces univers.

Les quelques comptes rendus et communiqués de presse sur l’exposition mentionnent tous que ces objets sont à haute valeur patrimoniale. Ma question : l’idée patrimoine est-elle bien rendue?

Sans contexte, l’exposition ne peut à elle seule produire du patrimoine

Il existe un adage qui affirme qu’exposer quelque chose c’est déclarer sa valeur patrimoniale. Ce fut sans doute exact à une certaine époque. Cependant, l’entrée au musée de la culture populaire a introduit un élément d’ambigüité.  Par exemple, devant certains artéfacts, le visiteur se demande si c’est bien du patrimoine. Pour d’autres objets, tels que des œuvres d’art, des connaissances préalables sont parfois nécessaires pour les appréhender.

Une scénographie évocatrice, mais non affirmative

Le patrimoine doit être connu et compris par le groupe qui en est le gardien. Dans le cadre de cette exposition, l’absence d’une mise en contexte des objets ne permet pas aux visiteurs de se l’approprier, de le percevoir comme un bien patrimonial. Ils sont laissés à eux-mêmes. Ils sont responsables de décoder à la fois les objets, leurs caractéristiques, leurs fonctions et leur valeur patrimoniale.

Ce problème de communication – c’est-à-dire l’absence d’outil affirmant la valeur patrimoniale des objets – découle peut-être des méthodes d’exposition propres aux musées d’art et leur bref cartel. En effet, ces fiches explicatives contiennent généralement des données techniques telles que le nom de l’artiste, l’année et les matériaux.  Ces informations ne suffisent pas pour permettre aux visiteurs d’intégrer les artéfacts dans le patrimoine collectif.

601545_10151217126627674_1369758146_nLe récit patrimonial

La mise en contexte balisant un récit patrimonial doit amener le visiteur à percevoir des valeurs symboliques autour de l’artéfact. Par exemple, il importe de souligner les personnages et événements historiques associés à l’objet, de faire part de leur unicité et rareté, de mentionner leurs caractéristiques, d’établir des liens avec le groupe culturel qui en a hérité et d’autres.

Un récit distancé de l’exposition

Le cocommissaire Laurier Lacroix a eu l’idée d’assurer un discours sur les arts en Nouvelle-France notamment avec un numéro dans la revue Cap-aux-Diamants (été 2012) et un livre synthèse. Y retrouvera-t-on les éléments essentiels à un bon récit patrimonial? À la suite de ces lectures, est-il possible de s’approprier les objets exposés du Régime français comme patrimoine? La suite à venir : une analyse de ce discours.

2 Responses to Les arts en Nouvelle-France :

une communication patrimoniale laborieuse

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