La forêt boréale Photo : Garth Lenz Initiale boréale canadienne

La forêt boréale
Photo : Garth Lenz
Initiale boréale canadienne (http://www.borealcanada.ca)

Patrimoine végétal

En 2013, le Manitoba s’associe avec des groupes autochtones pour tenter d’inscrire la région de Pimachiowin Aki, une zone de 334 000 kilomètres carrés dans la forêt boréale, au patrimoine mondial de l’UNESCO. Bien que leur tentative ait échoué, le groupe tentera à nouveau le défi en 2015. Ce projet confirme la valeur patrimoniale de la forêt boréale canadienne. Comment se porte ce patrimoine naturel au Québec?

La forêt boréale au Canada

La forêt boréale est une vaste étendue verte qui s’étend de Terre-Neuve-et-Labrador au Yukon. Au total, 708 000 kilomètres carrés de forêt boréale sont maintenant protégés par le gouvernement auxquels s’ajoutent 460 000 kilomètres carrés exploitées selon des méthodes durables. Le territoire protégé représente environ 12% de sa superficie.

La forêt boréale au Québec

La forêt boréale québécoise est une aire de 1,2 million de kilomètres carrés soit deux fois le territoire de la France; elle représente 21 % de la forêt boréale canadienne. Plus de 30 communautés autochtones, issues de neuf cultures distinctes, y résident.

De 300 à 500 millions d’oiseaux, représentant au moins 180 espèces dont certaines menacées, y font leurs nids. Plus de 25 % de toute la population de caribous des bois du Canada et deux importantes hardes de caribous de la toundra y habitent; enfin, 9 des 35 systèmes de rivières nord-américaines les moins fragmentées et les plus parfaites abritent les saumons de l’Atlantique les plus en santé de l’Amérique du Nord.

Une aire de 900 000 kilomètres carrés est libre de tous développements industriels. Enfin, cette forêt emmagasine 31 milliards de tonnes de carbone – une quantité équivalente à 158 années d’émission annuelle de carbone au Canada.

L’erreur boréale – un déclic profitable à tous

Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de forestiers, l’auteur-compositeur-interprète Richard Desjardins présente en 1999 le documentaire L’erreur boréale qui déclenche un réveil salutaire du public sur la surexploitation forestière. Le film met en lumière une vue erronée de la forêt. Avant L’erreur, elle est perçue comme un parc de bois à exploiter; on tente donc d’accommoder les milieux forestiers – les entreprises exploitantes sont même déléguées responsables de la forêt par le gouvernement. Il s’ensuit que toutes les autres ressources et services de la forêt sont considérés comme des embûches, des contraintes.

S’opposant à cette vision, le documentaire montre que la forêt boréale est avant tout un territoire qui abrite un écosystème essentiel pour l’environnement, pour les gens qui y habitent ainsi que pour une faune et une flore diversifiées parfois même rares. Le film rappelle aussi que la forêt appartient à tous les Québécois et que le gouvernement est un fiduciaire qui doit rendre des comptes.

L’année suivant le film, Richard Desjardins crée la fondation de l’Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue. En agissant ainsi, il amène le public, le gouvernement et l’industrie à s’impliquer dans les enjeux. En 2005, malgré de nombreuses oppositions du milieu forestier, le gouvernement québécois adoptele projet de loi no 71 qui modifie la Loi sur les forêts notamment par une cogestion plus responsable du territoire.

Mise en valeur du patrimoine

Les Québécois ont été introduits à des activités importantes de diffusion de la valeur patrimoniale de la forêt au moins à deux reprises. En 2010, le Musée de la civilisation à Québec présente l’exposition Entre les branches qui montre l’étendue, la variété et la richesse de la forêt canadienne. Plus de 20 000 ans d’histoire est illustrée – des pousses initiales à son état actuel. Outre son importance écologique, l’exposition présente un volet sur son exploitation. Son caractère patrimonial, incarné par les traces humaines marquant le territoire, se traduit entre autres par les camps forestiers d’autrefois, faits de billes superposées et les outils traditionnels du bûcheron.

L’année suivante, la Monnaie royale met en circulation sa pièce de deux dollars qui célèbre la forêt boréale. L’émission coïncide avec l’Année internationale des forêts telle que déclarée par l’ONU. Le revers de la pièce montre des essences d’arbres définissant le paysage de la forêt boréale qui se distingue par des conifères et des feuillus résistants adaptés aux longs hivers et aux courtes périodes de végétation.

Une protection fragile

La protection de la forêt boréale demeure précaire. Ainsi, en 2012, le gouvernement dépose le projet de loi no 65 sur la conservation du patrimoine naturel et sur le développement durable du territoire du Plan Nord. À cette époque, il entend créer 20% d’aires protégées d’ici à 2020 dans le territoire du Plan Nord. Toutefois, cet échéancier sera rapidement aboli pour être ramené à 12% d’ici 2035. De même, l’attrait des paysages magnifiques et des retombées économiques liées au développement touristique génèrent de nouvelles menaces.

La forêt boréale Photo : Garth Lenz Initiale boréale canadienne (http://www.borealcanada.ca)

La forêt boréale
Photo : Garth Lenz
Initiale boréale canadienne (http://www.borealcanada.ca)

Heureusement, une meilleure compréhension du développement durable et des enjeux environnementaux de même que le regard protecteur – souvent féroce des écologistes alliée à la conscientisation de la population sur l’importance de préserver la forêt boréale constituent de nouvelles balises de protection de ce patrimoine naturel essentiel.

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