MISE À JOUR :

22 janvier 2014 : Les élus ont décidé que l’aréna sera partiellement reconstruit et le plafond en arches, conservé intégralement.

10 septembre 2013 : Une consultation publique a eu lieu le 5 septembre et trois options ont été présentées devant 180 citoyens. Répondant aux recommandations du MCC, toutes conservent le plafond en bois – l’élément patrimonial le plus important – tel quel.

28 juin 2013 : Le MCC a confirmé qu’il ne classera pas le bâtiment puisque sa valeur patrimoniale se situe à l’échelle locale. Elle incite la municipalité à conserver et à intégrer le toit en bois pour tout projet à venir. Pour l’instant, Saint-Lambert va procéder à la mise aux normes afin d’assurer la disponibilité des lieux pour l’hiver 2013-2014. Le 27 juin dernier, un groupe a été fondé en faveur de la construction d’un nouvel aréna.

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Patrimoine moderne

À Saint-Lambert, sur la Rive-Sud de Montréal, l’aréna Eric-Sharp est au centre d’une polémique. Les élus ont opté pour sa destruction et la reconstruction d’un nouvel aréna. Plusieurs acteurs du patrimoine s’opposent à la démolition. Que faire lorsqu’un bâtiment patrimonial n’est plus utile?

L’aréna Eric-Sharp

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Aréna Saint-Lambert. Photo : Docomono

L’édifice est inauguré en 1966. Son architecture fait écho à celle de l’Expo 67. Il s’agit d’un monument utilitaire abritant l’aréna municipal. L’enveloppe extérieure se fond dans l’environnement. L’intérieur se distingue avec le bois lamellé-collé de la charpente omniprésent dans le bâtiment. L’élément caractéristique est sa voute à double courbure, proche du sol en périphérie.

Ce toit, selon des intervenants, serait unique au Québec, même au Canada. Toutefois, une étude préalable affirme que cette technique est typique de l’époque sans être marquante. De fait, l’auteur de l’étude signale un aréna à Montréal (Maurice-Brodeur) présentant une voute à courbe simple similaire.

Les points de vue

Les motifs évoqués pour la destruction du bâtiment sont multiples : signes de détérioration, écoulement de douches déficient, vestiaires trop petits, manque de places pour la foule, visibilité restreinte sur la patinoire à cause des poutres et l’édifice est non accessible aux fauteuils roulants. De plus, la vie utile du système de réfrigération de la glace achève. Enfin, l’aréna est fonctionnel seulement sept mois et demi dans l’année.

L’Ordre des architectes du Québec, Héritage Montréal, la Fédération Histoire Québec et la société d’histoire locale basent leur argument de conservation sur l’originalité de la voute. Un autre groupe soutient que la structure de bois devrait être conservée pour son rôle environnemental. Et, plusieurs critiquent la destruction d’un monument dont la charpente est somme toute en bon état; selon cet argument, sa disparition contrevient au plan de développement durable de la municipalité.

La participation citoyenne

La participation citoyenne est faible. À l’audience publique tenue en mai 2012, une vingtaine de résidents étaient présents. En décembre dernier, seulement 150 personnes sont venus s’informer des plans du futur aréna. De ce groupe, environ une trentaine ont questionné la pertinence de détruire ou de conserver l’édifice existant.

Les acteurs du patrimoine affirment avoir en main une pétition de 1 000 noms. C’est peu car ce nombre représente moins de 5% de la population de Saint-Lambert.

Les arguments en faveur du changement

Dans l’ensemble, le projet est bien accueilli par ceux qui s’y intéressent. De plus, la nouvelle construction est conçue dans un esprit de développement durable. Elle pourra recevoir plus de gens. Elle sera fonctionnelle à l’année et capable héberger d’autres événements. Les deux principales associations locataires (hockey et patinage artistique) sont d’accord avec les changements d’autant plus que ceux-ci répondent à des besoins exprimés.

Un patrimoine en manque de valorisation

L’édifice a d’abord été conçu dans un but utilitaire; il s’agit d’un lieu sportif. Au cours des années, sa fonctionnalité ne s’est pas modifiée dans l’esprit des gens. Son caractère patrimonial basé sur la forme du bâtiment n’a pas été mis en valeur ou diffusé auprès de la population locale. Si ce bâtiment a une histoire, celle-ci ne semble pas connue et n’est pas évoquée comme argument de conservation. Il s’ensuit que pour la majorité des Lambertois, la décision se limite à améliorer un service existant où la jeunesse est le principal bénéficiaire.

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Aréna de Saint-Léonard. Photo : Montreal Hurricanes Midget 2010-2011.

Le cas de l’aréna Eric-Sharp montre qu’en l’absence d’une appropriation citoyenne du patrimoine, la population locale ne se mobilise pas pour sa protection. Il importe donc d’offrir ponctuellement des activités diffusant la valeur patrimoniale des monuments.

Récemment, un groupe de citoyens a déposé une demande de classement auprès du ministère Culture et Communications. Ce dernier a promis une réponse rapide, même précipitée compte tenu de délais usuels qui sont longs. Les enjeux sont importants. Une protection par le MCC l’engage à investir financièrement. Elle prive aussi les citoyens d’une structure répondant à des besoins au-delà du bâtiment original.

 

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