Traditions et patrimoine se confondent parfois. La tradition est un mode de transmission, de coutumes, de pratiques, de manières de penser ou d’agir qui vient des ancêtres. Elle existe pour arrêter le temps, pour renforcer la cohésion du groupe, pour lui inculquer des valeurs sociales. Quant au patrimoine immatériel, il est issu d’un processus de patrimonialisation lié à la transmission d’un savoir ou d’une pratique. Il relève d’une construction sociale qui s’adapte à son environnement, selon les époques. Le patrimoine a un lien intrinsèque avec le groupe culturel. Doit-on relier les pratiques autour de Noël à la tradition ou au patrimoine?
Père Noël
Saint Nicolas est l’ancêtre du père Noël. Ce personnage, jovial et rondelet, que nous connaissons aujourd’hui, s’édifie tout au long du XIXe siècle. Dès 1809, on mentionne dans un conte qu’il se déplace dans les airs pour distribuer ses cadeaux. En 1821, on précise qu’il conduit un traineau tiré par huit rennes. L’une des premières images le représente vêtu de vert ou de rouge. On lui ajoute une barbe blanche, un costume rouge bordé de fourrure blanche et une ceinture noire. Le vieillard plein d’entrain se raffine en 1931 pour une campagne publicitaire de Coca-Cola.
Boules de Noël
Le sapin de Noël se répand au XIXe siècle. Dans ce temps-là, ils sont surtout ornés de pommes. Cependant, en 1858, les fruits se raréfient lors d’un hiver très froid. Devant cette pénurie, un artisan verrier, de la région de Moselle en France, décide de créer des boules qui rappellent la décoration des arbres de Noël.
Buche de Noël
La buche de Noël est une coutume reliée au solstice d’hiver et attestée au Moyen-âge. On faisait alors bruler pendant quelques jours une longue buche, souvent le tronc d’un arbre pour attirer de bons présages pour la nouvelle année. La disparition des grands âtres de cheminée met fin à la pratique. Et, le gâteau roulé de Noël dont la forme rappelle une buche apparait au XIXe siècle.
Cartes de Noël
De tradition anglaise, l’envoi de cartes de Noël date de la fin de XIXe siècle. Les collégiens d’alors transmettent à leurs parents des souhaits de Noël, accompagnés de dessins. Sir Henry Cole fait avancer le concept en demandant à un dessinateur de produire trois cartes qu’il met en vente. Rapidement, des milliers d’exemplaires sont nécessaires pour répondre à l’engouement du public pour l’envoi de souhaits.
Chants de Noël
Au Québec, la pratique des chants de Noël est ancienne et toujours populaire. Chorales, messes de minuit, soirées du réveillon et autres veillées, les occasions ne manquent pas pour chanter. Nos ancêtres apportent avec eux des chansons qui sont bien connues : Les anges dans nos campagnes, Il est né le divin Enfant, Dans cette étable et Çà, bergers. Puis, des chants plus récents, et tout aussi populaires se sont ajoutés au répertoire : Noël blanc, Le petit renne au nez rouge, Petit papa Noël, Vive le vent et d’autres.
Dinde de Noël
La dinde de Noël relève d’une longue tradition liée au paganisme. Au Moyen-âge, lors des fêtes, un plat à base de volaille accompagne le festin. L’oie est privilégiée, car l’oiseau est associé au soleil. À la fin du XVe siècle, les explorateurs espagnols ramènent, de leur périple en Amérique, un oiseau qu’ils baptisent « poules d’Inde » en se croyant revenir de l’Inde. Petit à petit, la dinde remplace l’oie au menu de Noël. Comme cette volaille est rare en Europe au XVIe siècle, elle fait figure de plat exotique à déguster lors de grandes fêtes.
Tradition ou patrimoine?
Les pratiques de Noël, qui semblent traditionnelles, sont relativement récentes dans les faits. Et, les pratiques plus anciennes, celles qui existent avant le XIXe siècle, se transforment avec la révolution industrielle sans être en rupture avec la manière ancienne alors que leur esprit perdure. En somme, aucune des pratiques énumérées ici ne se situe dans le créneau patrimoine ou tradition.
Les chants de Noël sont des éléments du patrimoine chers au Québécois et aux Québécoises. Parmi les plus anciens, plusieurs arrivent avec les soldats et les colons. Ils ont été transmis jusqu’à nous et nous les transmettons à nos enfants. L’importance des chansons de Noël ancestrales est reconnue dès le XIXe siècle lorsque l’historien Benjamin Sulte produit une liste des chansons de Noël entendues dans les messes de minuit au Canada français (1882). Puis, Ernest Gagnon et Ernest Myrand publient séparément un recueil de chansons de Noël anciennes (1897 et 1899). Quant aux chansons plus récentes, leur popularité ne se dément pas et reste constante parmi le groupe. Dans l’ensemble, ces chansons ont fait l’objet d’une patrimonialisation. Elles ont une valeur symbolique liée à l’histoire, aux souvenirs qu’elles suscitent…
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