Patrimoine industriel
En 2012, la direction de Parcs Canada annonce des coupes budgétaires au Lieu historique national des Forges-du-Saint-Maurice qui ont des conséquences directes sur l’accessibilité et l’interprétation. Plus encore, la sauvegarde du site n’est plus basée sur son importance patrimoniale, mais sur sa capacité à attirer des visiteurs.
Les forges du Saint-Maurice
Ces forges marquent la première industrie sidérurgique au Canada et le premier village industriel du pays. De 1730 à 1883, la communauté exploite du minerai de fer pour les besoins de la colonie. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada reconnait l’importance historique de l’endroit dès 1919. Des personnes souhaitent alors en faire un lieu d’interprétation du patrimoine. Toutefois, ce projet reste sans suite.
En 1963, le gouvernement québécois devient propriétaire du site qu’il cède à son homologue canadien en 1973. Ce dernier s’engage à le mettre en valeur tandis que Québec établit un vaste chantier archéologique. Témoin de la popularité de l’endroit, entre 1972 et 1975, Radio-Canada présente le téléroman « Les Forges de Saint-Maurice ». Depuis une quarantaine d’années, c’est un lieu de rassemblement où les visiteurs profitent de nombreuses activités d’interprétation.
Conséquences des baisses de budget
Les contrecoups des compressions sont assez importants. La saison, désormais limitée de la Saint-Jean-Baptiste à la fête du Travail, réduit l’accès des groupes scolaires en juin et des croisiéristes à l’automne. Des panneaux d’information remplacent les visites avec guide-animateurs.
Mobilisation
Des personnes, issues des milieux culturels, touristiques et économiques interpellent le ministre responsable de Parcs Canada. Dans l’ensemble, ils demandent de prolonger l’ouverture du site pour les groupes. Ils suggèrent aussi de réfléchir à des outils d’interprétation du patrimoine plus dynamiques que les panneaux puisque la tendance va au tourisme d’expérience. Il importe donc que des guides puissent partager avec les visiteurs des histoires et des anecdotes. Selon eux, l’absence de circuit animé diminue la qualité de la visite.
En fin de compte, les panneaux d’interprétation sont maintenus avec de l’information supplémentaire accessible par un téléphone intelligent. Les jeunes ont droit à un programme de visite autonome conçu pour eux. Le site reçoit les groupes scolaires et croisiéristes hors saison, et des visites guidées sont alors offertes.
Au niveau de la population locale, la mobilisation est faible. Des députés fédéraux s’impliquent et invitent les gens à participer en fréquentant les forges. L’élan du mouvement initial est solide lorsque le site accueille une foule record lors de la fête du Canada en 2013. Cependant, il s’arrête au cours de l’été. De même, une page Facebook est créée pour stimuler l’enthousiasme envers les forges, sans obtenir le succès espéré.
Fréquentation
La saison 2013, suivant la réduction budgétaire, a enregistré une baisse de fréquentation d’un peu moins de 10 %. Cette diminution fait suite à une autre plus importante en 2012. Selon les intervenants, la fréquentation soutenue et constante du site est essentielle à sa sauvegarde. De fait, puisque les décisions sont prises à distance et sans tenir compte des enjeux locaux, l’octroi des budgets est conséquent du nombre des visiteurs. Les investissements du gouvernement fédéral se limitent à l’entretien des lieux et non plus à sa mise en valeur.
Par ailleurs, le nombre de navires de croisières qui s’arrêtent à Trois-Rivières grandit. Lors de leur escale, c’est 700 à 2 500 personnes qui sont prêtes à visiter des lieux patrimoniaux tels que celui des forges du Saint-Maurice. Une opportunité se présente dans la mesure où gestionnaires et intervenants locaux s’unissent pour améliorer son attractivité. Cependant, la direction du site, de même que les offices touristiques ont réduit leurs investissements publicitaires et leurs activités de promotion.
Un patrimoine en danger
La situation des forges est fragile et les moyens pour stimuler l’intérêt des Québécois envers ce patrimoine sont presque inexistants. En situant les enjeux de ce lieu historique dans la sphère de l’économie, les élus de même que la direction du site et les acteurs économiques et touristiques n’agissent plus en gardiens de l’héritage culturel des Canadiens et des Québécois. Il s’ensuit que les forges se trouvent présentement dans une spirale descendante où une baisse constante de visiteurs pourrait mener à l’abandon des lieux.
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