Technologies : diffusion

Le Web est un moteur important de diffusion et la présence sur la Toile d’institutions telles que musées, centres d’archives, bibliothèques ou lieux d’interprétation accroît l’accès au patrimoine pour un plus grand nombre de gens. D’ailleurs, selon une étude de l’Institut de la statistique au Québec, 81,6 % des ménages étaient branchés en 2012.

De l’exposition virtuelle au répertoire numérisé en passant par la visite panoramique et bien d’autres plateformes, le numérique et l’internet font bon ménage et sont installés  confortablement dans le champ du patrimoine.

Les expositions en ligne

Les institutions culturelles ont anticipé l’engouement du public pour le Web. Dès les années 1990, les musées profitent de ce nouveau média pour annoncer leurs offres muséales. Les centres d’archives et les bibliothèques ont suivi le mouvement. Aujourd’hui, plusieurs institutions reçoivent plus de visiteurs par l’internet que dans leurs lieux physiques.

L’une des premières expositions virtuelles canadiennes – Traditions de Noël en France et au Canada est mise en ligne par le Réseau canadien d’information sur le patrimoine en 1995. À l’origine, l’exposition virtuelle se présente en à-plat avec du texte, des images statiques et des renvois similaires aux notes de bas de page. Cette plateforme, maintenant dépassée, s’anime dorénavant d’images en 3D et en 4D, de fichiers audio et vidéo. Les renvois dynamiques mènent à des sujets apparentés.

Devant la richesse des possibilités, le visiteur se retrouve confronté à des choix qui l’amènent à décider de l’orientation de sa visite. La disponibilité des techniques audio et vidéo favorise aussi la présence accrue de témoignages de gens qui, en relatant leurs souvenirs, rendent compte d’une réalité personnelle sans le filtre de la recherche scientifique. De même, des sites permettent aux visiteurs de participer au contenu. Ces collaborations citoyennes ajoutent un élément d’originalité et d’unicité.

Les répertoires numériques

Convoité par les spécialistes et les chercheurs, le répertoire numérique est un outil crucial pour reconnaître et faire connaître le patrimoine. Il se compose de biens circonscrits par un lieu géographique, une typologie, une période ou une autre donnée.

Plusieurs MRC et villes mettent en ligne un répertoire de leur patrimoine bâti. En 1998, Montréal met en ligne son répertoire du Vieux-Montréal. Dynamique, ce site est mis à jour régulièrement pour profiter des avancées technologiques et même présenter de nouveaux aspects du Vieux-Montréal devenus au fil des années d’intérêt patrimonial. D’autres institutions telles que le Conseil du patrimoine religieux du Québec ont suivi le mouvement et enrichissent la Toile en diversifiant la présence du patrimoine.

Des répertoires peuvent être à l’avant-garde. Ainsi, en amont de l’adoption du projet de loi no 82 sur le patrimoine, en vigueur depuis 2012, la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique de l’Université Laval a préparé le terrain du patrimoine immatériel en répertoriant un grand nombre de biens culturels intangibles. De ce projet initié en 2003, elle a mis en ligne l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel.

La chaire s’est également impliquée en 2006 pour répondre au besoin pressant de recueillir les pratiques et savoir-faire religieux dont la disparition est irrémédiable avec le déclin des communautés religieuses. La mise en ligne de ces répertoires assure non seulement une trace publique de ces biens, elle initie également une rencontre entre ce précieux patrimoine méconnu et les publics.

Les nombreux gratuiciels de bases de données et la disponibilité d’espace sur le Web ont favorisé l’apparition d’un nouveau genre d’acteur passionné et généreux. Ces personnes, souvent à la retraite, sont séduites par un élément particulier du patrimoine. Elles entreprennent des recherches, puis mettent en ligne le fruit de leur travail. C’est ainsi que l’on retrouve de remarquables répertoires entre autres sur les cimetières du Québec, les croix de chemin, les ponts couverts, les moulins à vent ou les gares patrimoniales.

Les visites panoramiques

Les amateurs peuvent explorer des lieux patrimoniaux grâce aux visites virtuelles. À l’origine, ces sites étaient constitués d’une série de photographies avec des légendes explicatives. Aujourd’hui, la version la plus commune propose des vues panoramiques à 360o se composant de plusieurs panoramas reliés entre eux. Les images sont assemblées non pas pour former une sphère, mais un cube virtuel avec la possibilité de se mouvoir sur 360° à l’horizontale et à 180° à la verticale. Le Musée Redpath à Montréal illustre bien ce point de vue.

Une vitrine qui suscite un questionnement

Égalitaire, le Web introduit de nouveaux patrimoines, jusque-là inaccessibles avec ses images ses contextes et ses explications. Cet outil de communication étant là pour de bon, des questions doivent tout de même être posées. Ainsi, est-ce que ces technologies attirent vraiment une nouvelle clientèle vers le patrimoine? Est-ce que l’accessibilité au patrimoine facilité par le Web peut en venir à banaliser l’importance patrimoniale d’un bien culturel? Enfin, si c’est numérisé, n’y a-t-il pas un risque de limiter l’accès public à l’artéfact. C’est déjà le cas pour de nombreux documents d’archives même si leur état de conservation ne présente aucun danger.

 

2 Responses to La technologie numérique :

un dispositif au service du patrimoine

Répondre à Diane Joly Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*