Photo : Fondation du patrimoine de Gilles Vigneault

Photo : Fondation du patrimoine de Gilles Vigneault

Patrimoine historique

À Natashquan, pays qui a vu grandir Gilles Vigneault, des bâtiments, des objets, des paysages et une histoire témoignent de l’enfance du poète, de ses sources d’inspiration et de la vie sur la Côte-Nord. À la suite de critiques acerbes et d’une décennie d’efforts à tenter de valoriser le site, la Fondation du patrimoine de Gilles Vigneault abandonne le projet. Quelques mois plus tard, elle se reprend plus forte, déterminée à implanter son programme. Portrait d’une mobilisation citoyenne sans égale pour le patrimoine.

Une fondation sans but lucratif

La Fondation du patrimoine de Gilles Vigneault est créée en 2003. C’est une fiducie établie par un acte de donation. Ses buts visent entre autres le développement de la culture et de l’histoire de l’art, la mise en valeur touristique des lieux, des archives et des biens associés au poète, auteur-compositeur et interprète Gilles Vigneault.

Au fil des années, la Fondation se retrouve à l’origine du classement de l’Allée des Galets – un ensemble de bâtiments associés aux activités de pêche pratiquées autrefois dans la localité; elle acquiert la maison paternelle de Gilles Vigneault puis celles d’autres membres de sa famille; elle reçoit aussi des dons. La Fondation procède également à une étude de faisabilité. Dans l’ensemble, les octrois sont assez rares et l’artiste Vigneault offre des spectacles-bénéfices pour financer les activités de l’organisme.

Une subvention cruciale aux effets dévastateurs

L’étude de faisabilité permet à la Fondation de développer un projet récréotouristique comprenant la restauration extérieure et intérieure de biens immobiliers ayant appartenu à la famille Vigneault ainsi que l’implantation d’une résidence d’artistes et d’un musée. De plus, des travaux de restauration des bâtiments au site des Galets sont aussi prévus. Pour se faire, la Fondation reçoit du gouvernement provincial une subvention de l’ordre de 750 000 $ (450 000 $ pour le patrimoine; 300 000 $ pour le développement touristique).

Toutefois, les critiques, les temps économiques difficiles et un peu de mauvaise foi créent une polémique dans les journaux et les médias sociaux où l’on juge la dépense frivole, trop élevée et même partisane. En ces temps d’incertitude financière, les dépenses associées au patrimoine sont souvent jugées futiles et leur importance à long terme est occultée.

La Fondation refuse la subvention

Devant les critiques, la nécessité d’engager 300 000 $ dans le projet et les dédales administratifs gouvernementaux, la Fondation refuse la subvention. Démotivée, elle abandonne le projet de mise en valeur des lieux en avril 2014.

Une résilience hors du commun

En aout, environ 80 personnes (plus de 30 % de la population natashquanaise) se réunissent pour constater l’état de délabrement des lieux et leur volonté de le préserver. L’ensemble constitue un patrimoine important pour l’endroit et ils y tiennent. On souligne que Gilles Vigneault a fait connaître Natashquan à travers le monde et que la majorité des touristes recherchent sa maison d’enfance. Dans l’ensemble, on veut aussi honorer la mémoire des bâtisseurs de la Côte-Nord.

Poursuivre le projet sans subvention gouvernementale

La Fondation, en collaboration avec d’autres organismes, crée le Fonds Natashquan pour la préservation de la Source c’est-à-dire des lieux de Natashquan où Gilles Vigneault a puisé en grande partie son inspiration et où il a trouvé tout ce dont il avait besoin pour exprimer le monde.

Photo : Serge Jauvin

Photo : Serge Jauvin

Outre la restauration des anciens biens immobiliers de la famille Vigneault, l’organisme prévoit des expositions, des panneaux d’interprétation, de l’animation patrimoniale et culturelle. On compte également valoriser l’Allée des Galets lors d’événements spéciaux tels que le Festival du conte et de la légende de l’Innucadi et les Rencontres de création de Natashquan.

Avec un objectif ambitieux de 500 000 $, une campagne de financement est lancée dans plusieurs régions par des porte-paroles locaux. Un site internet donnant les détails complets du projet et des témoignages de personnalités publiques engagées sont en ligne. La visibilité dans les médias est assez bonne.

La mobilisation citoyenne pour préserver le patrimoine

Le cas de Natashquan illustre bien l’impact de la mobilisation citoyenne sur le patrimoine. Malgré une localisation en région éloignée et une population de moins de 300 habitants, la volonté collective de préserver les lieux et le dynamisme des instigateurs augurent le succès du projet. La personnalité attachante de Gilles Vigneault, figure de proue publique depuis les débuts, nécessite l’implication dans l’ombre de plusieurs personnes de tous les milieux et compétences, au niveau local et national. C’est un projet à suivre et et une approche à imiter.

 

One Response to Natashquan :

l’art de prendre en main son patrimoine

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