Diane Joly.croix de chemin

© Diane Joly, 2010

Patrimoine religieux 

En 1994, Jean Simard et Jocelyne Milot publient un répertoire sélectif des croix de chemin où ils introduisent 704 croix – les plus représentatives du corpus québécois. De ce nombre, 25 calvaires, jugés exceptionnels par les auteurs, sont sélectionnés pour faire partie du trésor québécois. Quel est l’état de ce trésor aujourd’hui?

La loi sur le patrimoine culturel

En 1972, la Loi sur les biens culturels remplace celle de 1922. En 1985, elle est modifiée en permettant aux municipalités de protéger des biens sur leur territoire (citation). Elle est revue en 2011 pour inclure les personnages historiques décédés, des lieux et événements liés à l’histoire, des documents, immeubles, objets et sites, des paysages culturels et des patrimoines immatériels.

Un patrimoine précaire

La loi de 1985 vise à stimuler le militantisme et les interventions locales en faveur du patrimoine. La sélection de Simard et Milot sert à guider les décideurs sur le terrain à sauvegarder légalement leur calvaire. De fait, à cette époque, seulement cinq croix du trésor sont protégées (trois classements; deux citations). Cependant, ces actions n’ont pas l’effet escompté puisque, entre 1995 et 2007, un seul monument est cité.

En 2007, plus d’une centaine d’intervenants locaux sont approchés en vue de la préparation d’un article sur les croix de chemin. Un tour rapide auprès d’eux révèle une conjoncture plutôt alarmante du trésor : sept croix semblaient entre bonnes mains, cinq autres montraient des signes de détérioration ou de négligence, une croix avait été vendue et on ne connaissait pas l’état matériel de douze croix.

Une situation presque enviable

La sensibilisation auprès des acteurs, et sans doute la popularité croissante des croix de chemin, ont eu une influence heureuse. En effet, depuis 2007, cinq nouveaux calvaires du trésor sont protégés (un classement; quatre citations); sept sont appropriées par la population locale; six montrent des signes de détérioration ou sont modifiés.

Un trésor vivant

En 2010, le MCCQ s’est limité à produire un répertoire photographique sans investir dans la recherche et l’analyse des monuments. De plus, d’autres croix peuvent faire partie du trésor : plusieurs n’ont pas été repérées lors de l’inventaire des années 1990 et certaines sont devenues importantes pour leur valeur intangible.

© M.-È. Maheu, 2013

Un « nouveau » calvaire en Montérégie.

Au cours de la préparation d’un reportage web pour lequel j’ai collaboré, le répertoire « croix de chemin » du site Patrimoine du Québec a été consulté. L’analyse des différentes croix a donné lieu à la découverte d’un calvaire méconnu à Saint-Hyacinthe (Sainte-Rosalie). Ce magnifique monument est érigé en 1838 en reconnaissance pour faveur divine. Aujourd’hui, les propriétaires, un groupe habitant le rang ou la proximité du monument, restent attachés à leur calvaire et veillent à son entretien. Son ancienneté et ses valeurs esthétique, intangible et sociale en font un bien à considérer pour le trésor québécois.  Voir le reportage sur les croix de chemin en Montérégie à Radio-Canada Rive-Sud (Marie-Ève Maheu).

Un besoin de renouveler les recherches

Les dernières recherches d’ensemble sur les croix de chemin datent de plus de vingt ans. L’apparition de matériaux durables, les pratiques contemporaines autour des croix et l’importance accrue de leur dimension immatérielle commandent de nouvelles études globales. Le trésor québécois doit aussi être revu.

Toutefois, les priorités patrimoniales du MCCQ sont ailleurs. Dommage pour les connaissances et surement pour quelques croix. Heureusement, et malgré leur précarité, plusieurs croix de chemin sont sous la protection des acteurs locaux.

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