Patrimoine équin

Le 11 septembre dernier, le Horse Palace de Griffintown à Montréal inaugurait un paddock pour ses chevaux résidents. Ce travail soutenu de conservation résulte d’une mobilisation modèle des résidents du quartier et de diverses institutions locales. Quels sont les ingrédients essentiels à une mobilisation remarquable pour le patrimoine?

Le Horse Palace

Photo : Dario Ayala (The Gazette)

Photo : Dario Ayala (The Gazette)

Le Horse Palace de Griffintown est l’une des dernières écuries urbaines à Montréal et le seul ensemble typique du Régime français à exister dans le quartier. Les écuries abritent les chevaux des caléchiers du Vieux-Montréal. Le site comprend une maison du milieu du XIXe siècle, une vieille auberge pour les voyageurs ainsi que des étables qui sont en usage depuis 1862. La valeur patrimoniale, architecturale et historique des lieux s’incarne dans les bâtiments et par le maintien de ses activités d’origine.

Les résidents sont en majorité des chevaux de trait. Leurs ancêtres ont participé au développement urbain de Montréal. Ils ont aidé à labourer des champs, à construire des bâtiments et à transporter le lait et la glace dans la métropole. Pour sa part, le quartier possède une richesse historique sous-estimée. Ainsi, les Irlandais y ont jadis élu domicile le temps de creuser le canal Lachine. Le quartier est situé dans le berceau industriel de Montréal.

La Fondation Griffintown Horse Palace

En 2007, un promoteur immobilier est prêt à raser le quartier afin de construire des condos. Le ralentissement économique, qui met en suspens ce projet, offre aussi l’opportunité à un groupe de citoyens de se mobiliser pour la sauvegarde des écuries. La Fondation Griffintown Horse Palace est ainsi créée en 2009 afin d’acheter les terrains et de mettre en valeur les lieux. À la fin, les écuries sont acquises par un promoteur immobilier qui collabore avec la Fondation. Seuls les appartements de l’ancien propriétaire sont occupés par le promoteur.

Une mobilisation exemplaire

Ce sont d’abord des citoyens du quartier qui se regroupent pour sauvegarder les écuries. La Fondation réunit des experts de l’histoire culturelle, d’études urbaines, du droit et de la finance, de l’architecture et de la mise en valeur. Des personnalités charismatiques défendent le projet devant les médias et la Ville centre; des institutions du domaine équestre et en démarrage d’entreprise offrent leur expertise et d’autres dans les domaines muséal et artistique prêtent leurs ressources. Enfin, le maire de l’arrondissement Sud-Ouest et les élus militent pour la sauvegarde des lieux.

Le paddock fait le front de la rue Ottawa.

Le paddock est face à la rue Ottawa.
Source : Fondation

De fait, les élus de l’arrondissement adoptent à l’unanimité une résolution appuyant la Fondation dans ses démarches. Leurs interventions auprès de la Ville centre mènent à la création d’un comité devant étudier les mesures à instaurer pour préserver la valeur patrimoniale du Horse Palace. De plus, l’arrondissement fait des pressions afin qu’un terrain adjacent aux écuries, et qui sert d’enclos soit préservé par la Ville centre afin de conserver une visibilité de la rue et d’empêcher l’enclavement des lieux.

Tous ces gestes amènent la Ville de Montréal à acquérir le terrain et à le convertir en espace vert – le futur paddock. Le site offre ainsi au public l’accès visuel à un patrimoine original et unique à Montréal.

L’inscription du projet dans les lieux

Depuis sa création, la Fondation a participé à plusieurs événements culturels dont le défilé de la St-Patrick et les Journées de la culture. Dans l’optique de sauvegarder les écuries, un groupe de citoyens conçoit le projet d’un corridor culturel reliant l’ancien quartier irlandais et le Vieux-Montréal, en valorisant des lieux culturels existants et des éléments patrimoniaux.

Le groupe d’intérêt veut aussi conserver et partager de l’information sur Griffintown, son histoire, son architecture, ses bâtiments phares. Dans la sphère patrimoniale, il soutient entre autres la pérennité de la trame de rues existantes et signifiantes dans l’histoire des lieux, de l’architecture et des matériaux de construction typiques du quartier.

Le paddock avant son aménagement. Source : Fondation

Le paddock avant son aménagement.
Source : Fondation

Une collaboration essentielle

Le cas du Horse Palace de Griffintown montre que la participation de citoyens présentant des expertises et des intérêts variés est garante de la réussite de projets de conservation de lieux patrimoniaux, même vétustes. Au départ, des personnes se sont mobilisées pour la sauvegarde des écuries. Cet intérêt initial s’est étendu vers d’autres, interpellés par l’histoire de leur quartier. Puis, des institutions culturelles et les élus ont rejoint le mouvement. Ils ont travaillé ensemble avec l’objectif commun de conserver des traces de leur histoire et de dynamiser leur quartier. Ce faisait, les écuries se sont retrouvées au cœur de différents projets de mise en valeur du patrimoine dans le quartier.

One Response to Le Horse Palace de Griffintown :

un patrimoine revendiqué par la communauté

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