Vue sur la chapelle (détail). Photo : Ruralys, 2007

Vue sur la chapelle (détail). Photo : Ruralys, 2007

Patrimoine religieux

À Rivière-Ouelle, les citoyens font preuve d’une responsabilité patrimoniale exemplaire par leur mobilisation pour décider de l’avenir de leur petite chapelle du quai à la Pointe-aux-Orignaux. Située dans le Bas-Saint-Laurent, Rivière-Ouelle est l’une de ces municipalités qui gonflent avec l’arrivée du beau temps et des estivants. En 2016, la localité regroupe 970 résidents permanents. Elle se compose de 635 logements privés dont 420 sont habités à l’année. Le tiers restant appartient à des estivants qui y séjournent surtout l’été, dont plusieurs depuis de nombreuses années.

La chapelle de Rivière-Ouelle

La  chapelle Notre-Dame-de-l’Assomption est érigée au quai de Rivière-Ouelle. Elle s’inscrit dans la trame patrimoniale de la Pointe-aux-Orignaux, dont l’élévation se démarque par rapport au reste du territoire de l’aire patrimoniale.

Construite en 1947 pour servir la clientèle estivale, la deuxième chapelle du lieu fait 8,2 m x 16,5 m. Ajoutée en 1953, une annexe loge le curé desservant. Selon le répertoire du Conseil du patrimoine religieux, la chapelle est jugée supérieure. Cependant, elle demeure inéligible aux subventions puisque les bâtiments construits entre 1945 et 1975 doivent être qualifiés d’incontournables pour obtenir de l’aide.

Chapelle Notre-Dame-de-L'Assomption. Photo : page Facebook du projet

Chapelle Notre-Dame-de-L’Assomption. Photo : page Facebook du projet

Au cours des années, les travaux nécessaires et la baisse de fréquentation ont mis en péril la pérennité de la chapelle. Jusqu’en 2013, des concerts y étaient offerts pour lever des fonds. Aujourd’hui, un comité se penche concrètement sur l’avenir du bâtiment.

Une approche « scientifique » du projet

Visant à rejoindre le public de proximité, et avec l’objectif d’initier une consultation publique sur l’avenir de la chapelle, des responsables convoquent 21 personnes, en grande majorité des estivants, pour une séance de remue-méninges. L’exercice a dégagé cinq orientations possibles pour la chapelle : elle demeure un monument d’architecture, elle devient une maison communautaire multifonctionnelle, un centre d’interprétation, un lieu de renouveau spirituel ou un lieu d’exposition et de création.

Pour la suite du projet, six personnes, dont cinq estivants forment un comité. On décide également d’un moyen des plus originaux pour consulter la population. De fait, une personne est mandatée pour élaborer un scénario d’exposition basé sur les cinq nouvelles vocations envisagées. Sur place, les visiteurs pourront s’exprimer sur ce qui leur semble le meilleur choix pour assurer l’avenir de la chapelle.

Favoriser la participation citoyenne est l’un des meilleurs gages pour assurer la pérennité du patrimoine. Cet exercice donne au citoyen ordinaire la possibilité de s’exprimer sur des idées, d’avoir son mot à dire sur la concrétisation de projets qui le touche directement ou qui l’interpelle.  Elle légitime les choix.

L’exposition Ite missa est[i]

Exposition dans la chapelle (détail). Photo : page Facebook du projet

Exposition dans la chapelle (détail). Photo : page Facebook du projet

Au cours de l’été 2017, la chapelle a hébergé l’exposition Ite missa est qui présentait les orientations identifiées par la séance de remue-méninges. À l’aide d’un court questionnaire, les visiteurs étaient invités à expliquer comment ils envisageaient la nouvelle vocation du lieu. De plus, les gens pouvaient l’exprimer verbalement et leur réponse était compilée dans un tableau.

L’exposition s’est déroulée tous les samedis et dimanches du 24 juin au 3 septembre et elle a accueilli 1 065 visiteurs en 23 jours d’ouverture.  En termes de participation citoyenne, c’est un taux beaucoup plus élevé que la moyenne qui se situe généralement autour de 2-4 %. Parmi les visiteurs, 244 personnes (23 %) ont répondu au questionnaire, ce qui constitue aussi un excellent succès de participation.  Enfin, puisque l’exposition visait le public de proximité, on peut présumer que même si elles n’ont pas répondu au questionnaire, plusieurs personnes sont d’accord avec le projet, peu importe les résultats.

Dans l’ensemble, les participants ont exprimé l’idée d’en faire un lieu de services, de rencontres et de découvertes. Le comité a développé un projet autour de ces trois orientations qui a été présenté à l’Évêque. La suite du projet n’a pas encore été annoncée.

Un modèle à répéter

Le comité a pu profiter des compétences et de la générosité d’un expert en muséologie et des ressources disponibles dans la localité. L’approche muséologique préconisée par le comité fut des plus heureuses. Conviviale, la mise en exposition des thématiques faisait en sorte que le public puisse imaginer de nouvelles vocations pour la chapelle et en choisir une. Les citoyens ont été mis au fait de leur responsabilité patrimoniale et ils ont répondu en grand nombre.

L’exposition était destinée à un public ciblé et son contenu élaboré selon des objectifs uniques. Cependant, la mécanique de l’exposition peut s’adapter pour d’autres thématiques. C’est ce que le comité a compris. Il souhaite maintenant créer un modèle d’exposition générique qui pourrait profiter à d’autres localités qui voudraient consulter leur population sur d’autres enjeux.  C’est à suivre.

Conférence

22 février 2018, de 17 h à 19 h
Philippe Dubé, chargé de l’exposition It missa est
Pavillon Président-Kennedy (UQAM)
201, av. du Président-Kennedy, local PK-1140
La conférence est d’abord destinée aux étudiants en muséologie, mais elle est ouverte à tous.

 


[i] Un titre tout réfléchi dans les circonstances… Dite par le célébrant en conclusion des messes en latin , l’expression Ite, missa est a pour fonction de renvoyer l’assistance.

 

2 Responses to La chapelle de Rivière-Ouelle :

une responsabilité patrimoniale exemplaire

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