La Voie lactée. Photo : Serge Brunier

La Voie lactée. Photo : Serge Brunier

Patrimoine paysager

La voûte étoilée au-dessus du Parc national du Mont-Mégantic brille de mille feux. C’est que la région est devenue en 2007, l’une des cinq réserves internationales de ciel nocturne dans le monde. Qu’est-ce que ça prend pour mobiliser l’ensemble des publics à la protection du patrimoine?

L’accessibilité aux étoiles

En 2000, la création d’un Atlas mondial des cartes de pollution lumineuse montre qu’environ 97% de la population nord-américaine et européenne vit sous un ciel pollué par la lumière. Dans la plupart des grandes villes, un nombre infime d’étoiles est visible la nuit.

La situation au Québec

Une étude produite en 1999 révèle que Montréal émet autant de luminosité que New York tandis que la Ville de Québec diffuse plus de lumière que Boston et même Paris. Cette prodigalité découle en partie des faibles couts de l’énergie au Québec.

Dans les grandes villes québécoises, les enfants n’ont pas la chance d’admirer la Voie lactée. À Montréal, dans les meilleures conditions, tout au plus, une centaine d’étoiles est visible alors que 3 000 à 4 000 devraient pouvoir être vues.

Un problème précis : la pollution lumineuse

dome

Dôme de pollution lumineuse (Sherbrooke), Photo : Yvan Dutil

La pollution lumineuse réfère à l’effet de la lumière sur le ciel nocturne. Elle se définit aussi pour toute nuisance liée à une mauvaise utilisation de l’éclairage. De fait, des bâtiments, des structures, des routes, des stationnements et des enseignes sont illuminés toute la nuit. Une partie – jusqu’à 30% – de cet éclairage est dirigée vers la calotte céleste et diffusée dans toutes les directions, car cet éclat est réfléchi sur des particules et des poussières flottant dans l’air.

Le cas de l’ASTROLab du Parc national du Mont-Mégantic

En 2007, la région de l’observatoire du Mont-Mégantic est proclamée première réserve de ciel noir en milieu urbain au monde. L’ASTROLab est l’instigateur du projet qui voit le jour en 2004. À l’époque, on veut réduire la pollution lumineuse et rendre accessibles aux amateurs, aux professionnels et à l’ensemble de la population environnante la splendeur du ciel étoilée et des corps célestes.

Pour ce faire, trois zones d’intervention sont identifiées. La première se situe dans un rayon de 25 km autour de l’observatoire et elle est responsable de 50% de la nuisance lumineuse. La deuxième aire couvre un périmètre élargi entre 25 et 50 km et représente 25% de l’altération de la luminosité. Enfin, la masse restante de pollution environnante émane de la Ville de Sherbrooke.

Des activités de sensibilisation ont été réalisées auprès des élus et des résidents. La solution en est une de compromis : diminuer la quantité de lumière, limiter l’illumination à l’essentiel, empêcher la diffusion lumineuse inutile, réduire l’intensité de la lumière, utiliser des ampoules moins polluantes et bien d’autres.

Aujourd’hui, le ciel de la région est protégé sur une superficie de 5 500 km carrés. Lorsque les conditions sont idéales, on peut observer plus de 2 000 étoiles.

Voute céleste : un patrimoine fragile

La problématique de l’accès au dôme céleste n’est pas nouvelle. Déjà en 1972, la ville de Tucson en Arizona établit un règlement sur l’éclairage. En 1988, l’International Dark Sky Association est fondée. En 2004, elle compte 10 000 membres et 450 organismes répartis dans 70 nations. L’Association a développé une certification pour définir un ciel étoilé. En 1992, l’UNESCO a classé la voute céleste au patrimoine de l’humanité. Des pays tels que l’Australie, le Chili, l’Italie et la République tchèque de même que des états américains ont adopté des lois et des règles sur la luminosité.

Au Québec, un mémoire sur l’importance de préserver des espaces de ciel noir a été remis au groupe-conseil responsable de l’élaboration d’une politique du patrimoine culturel en 2000 (Rapport Arpin).

Le cas du Parc du Mont-Mégantic montre que tous les publics peuvent se mobiliser pour un projet patrimonial lorsqu’ils y trouvent concrètement leur compte : des réductions de couts intéressantes pour les gestionnaires et, pour les résidents, une voute étoilée qu’ils peuvent admirer dans leur cour arrière. Tous les habitants de la localité, qui comprend trois municipalités régionales de comtés, sont ainsi devenus des acteurs actifs à la protection de leur bien commun.

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